Auteur : Ana Banda Galan

Ce mois d’Octobre, Développer les talents a animé une semaine de découverte du codéveloppement professionnel à l’IME de Montaudran pour des professionnels des Pôles Handicap et de Protection de l’Enfance du CCAS de Toulouse. L’intention de Samuel Nicolas, Directeur de ces Pôles, est d’ancrer la posture d’écoute et de dynamique collective, de façon à enrichir la coopération pluridisciplinaire au service des enfants et des familles. Cette semaine de découverte a réuni 9 groupes de codéveloppement professionnel au bénéfice de 47 participants de 6 établissements différents. Ces groupes ont été animés avec ma collègue Karine Gillot, ce qui nous a permis de collaborer ensemble et d’enrichir nos compétences grâce aux nombreux débriefings à chaud. Je souhaite partager avec vous mon émerveillement de constater, seulement au bout de deux séances, l’évolution de postures des participants. Explications sur les modalités d’apprentissage des adultes Cette approche de formation est une forme d’apprentissage dite expérientielle selon David Kolb, avec un cycle d’apprentissage en quatre phases : expérience concrète, observation réfléchie, conceptualisation abstraite et expérimentation active. Lors d’une séance de consultation en codéveloppement professionnel : nous partons d’une situation professionnelle vécue, expérience concrète (phase 1) le questionnement pour mieux comprendre permet l’observation réfléchie (phase 2) les trois dernières étapes des solutions contribuent à la conceptualisation abstraite (phase 3) Chaque participant, à différents niveaux, acquiert des apprentissages grâce à cette analyse. Puis, chacun fait évoluer ses pratiques dans le quotidien professionnel en expérimentation active (phase 4). Ces différentes phases d’apprentissage selon Kolb, répétées dans la durée, permettent de développer des compétences multiples d’amélioration de ses pratiques professionnelles. Un groupe de pairs qui se réunit régulièrement bénéficie de toute la puissance de la méthode du codéveloppement. Je partage avec vous ici trois qui m’ont particulièrement touchée dans ces deux séances de découverte : Le renforcement des liens professionnels. Dans les petits groupes de maximum 8 personnes qui constituaient les séances, certains collègues se connaissaient, d’autres non, pour autant, tous travaillent au bénéfice de publics en situation de fragilité pour le compte du CCAS de Toulouse. Au bout de ces deux séances, le sentiment d’empathie et volonté de collaboration était palpable. Le codéveloppement encourage une culture de feedback constructif. Les participants apprennent à donner et recevoir des retours sur leurs pratiques, ce qui favorise un climat de confiance et d’amélioration continue. Aussi, les échanges entre pairs favorisent la création de réseaux et de collaborations, ce qui est bénéfique pour le partage d’informations et de ressources. Le développement de la créativité. Divers métiers étaient représentés dans les groupes (personnel administratif, éducateur spécialisé, agent d’entretien, psychologue, kinésithérapeute, orthophoniste, etc.). Dans un cadre sécurisé, ils ont fait connaissance autrement, avec l’intention de prendre le temps de comprendre la situation traitée et contribuer à la résoudre par des idées qui leur permettent de sortir des chemins préconçus. En réunissant des professionnels de différents horizons en partageant des idées et des expériences, le codéveloppement permet d’enrichir les réflexions par des points de vue variés. Cette diversité peut mener à des solutions plus complètes et adaptées et les professionnels peuvent être inspirés à innover dans leurs pratiques. Cela peut conduire à l’élaboration de nouveaux programmes ou services qui répondent mieux aux besoins des usagers, optimisant ainsi les ressources et les efforts. Le soutien émotionnel. Les situations partagées en confiance dans le groupe étaient régulièrement chargées en émotion. L’accueil en empathie et bienveillance permet de poser des choses dans une dynamique constructive dans laquelle le participant reste acteur dans la résolution de sa situation. Le secteur médico-social peut être émotionnellement exigeant. Le codéveloppement offre un espace de soutien où les professionnels peuvent partager leurs défis et leurs réussites, ce qui contribue à leur bien-être et à leur résilience. En somme, le codéveloppement est un outil puissant pour améliorer la qualité des services offerts aux enfants et aux familles, et l’autonomie et le bien-être des professionnels du secteur médico-social. Je tiens à dire bravo aux participants à ces sessions de découverte ! Parce que oui, il faut du courage pour laisser une place à l’inconnu qu’une facilitatrice vous propose et qui plus est, vous l’avez fait avec le sourire ! Cette expérience m’a confortée dans trois convictions : que des professionnels engagés au bénéfice des plus fragilisés font un travail impressionnant et sans relâche, que la performance de chaque individu est renforcée dans un collectif où chacun peut s’entraider et prendre sa place, que le portage d’une démarche ambitieuse de progression des pratiques collaboratives par un Directeur engagé est déterminante. Je suis convaincue qu’en effet, en favorisant la collaboration et le partage, le codéveloppement peut améliorer la performance dans un environnement constructif, réduire les conflits et renforcer l’engagement des membres de l’équipe ; et cela est d’autant plus important dans le secteur médico-social dont nous avons tant besoin. Un grand merci à l’ANFH qui a rendu cette expérience possible grâce au projet ICare de Management Participatif et Intelligence Collective. Merci de votre lecture et belle journée à vous !