Mission de volontariat pour Shiksha Niketan, l’école de Barefoot College à Tilonia Développer les talents au Rajasthan Namaste ! Fin septembre dernier, je suis arrivée à Barefoot College comme volontaire, ouvrant ainsi le chapitre post job de ma vie. Yogita, responsable de la section éducation, m’a confié une mission auprès des enseignants de l’école Shiksha Niketan. Surprenante et délicieuse expérience qui m’a reliée à Développer les talents ! Il y a 50 ans, Bunker Roy crée Barefoot College 👣 Après ses brillantes études en Inde et à l’étranger, Bunker Roy part à la découverte des villages de sa région, inconnus de lui. La famine qu’il y rencontre a changé sa vie, déclare-t-il. Il décide alors de s’engager aux côtés de la population rurale de Tilonia. Son objectif : booster le développement économique local afin d’éviter l’exode des familles vers la misère des grandes métropoles. Avec l’aval puis le soutien des anciens du village, Bunker-ji crée Barefoot College, une « université » où les savoirs des illettrés sont reconnus et valorisés, puis développés en fonction des besoins qu’ils expriment. Son credo : Listen to the people on the ground, they have the solutions! Les actions se sont développées selon 8 axes : l’eau, l’énergie solaire, l’éducation, la nutrition, l’agriculture, le médical, l’artisanat et la communication via les marionnettes. Aujourd’hui encore, ces axes guident les projets, ici-même à Tilonia, dans les villages alentours ainsi qu’en région à travers l’Inde. Bunker-ji compte tout particulièrement sur les femmes, ancrages des familles et gourmandes d’apprendre. Une pédagogie spécifique professionnalise des groupes de femmes Illettrées ou non, à l’équipement des maisons en énergie solaire. Ces actions accueillent aussi des villageoises d’Amérique du sud et d’Afrique. Nommées les Solar Mama, elles sont heureuses et fières de conquérir un nouveau statut social. Durant toutes ces années, les projets se démultiplient via une large variété d’interactions : villageois, salariés, volontaires indiens ou étrangers, universités, ONG, financeurs publics et sponsors. Zoom sur l’école Shiksha Niketan Faute d’enseignants diplômés prêts à s’installer dans un village, Bunker-ji a utilisé sa méthode favorite : regarder autour de lui et écouter ! Ainsi, il détecte sur place des enseignants potentiels prêts à s’engager, et il les soutient sur leur chemin de professionnalisation. Littéralement nommée Maison de l’Education, Shiksha Niketan ouvre ses portes en 1988 de façon expérimentale et autonome. Cette école offre aux enfants issus des familles rurales un lieu d’enseignement (lire-écrire-compter…) ainsi qu’un lieu d’apprentissage lié à la vie, basé sur leurs expériences et sur leurs réalités. Elle soutient tout particulièrement l’éducation des filles. En 2008, la Maison de l’Education Shiksha Niketan a 20 ans ! Elle a fait ses preuves et l’État l’enregistre comme école primaire supérieure allant de la maternelle à la 8°Classe (élèves de 5 à 13 ans). Elle est aujourd’hui reconnue pour la qualité de son enseignement en milieu rural. La demande que m’adresse la commanditaire Yogita Revenons à la demande que m’adresse Yogita lors de mon arrivée : faire un repérage des compétences présentes dans le staff des enseignants pour déterminer quoi renforcer et quoi développer. Cette perspective me semble quelque peu administrative et nous la creusons. Son intention se révèle : déclencher chez les enseignants des prises de conscience individuelles et collectives sur leurs besoins d’évolution. Première plongée : Interviews individuelles des 11 enseignants Le cadre d’interview est posé avec un point de départ de type Appreciative Inquiry : Comment je suis devenu enseignant, mes réussites, ce que j’aime dans mon métier et ce que j’aimerais améliorer dans ma pratique. La langue usuelle de cette école est l’Hindi. Dans leur ensemble, les enseignants connaissent quelques phrases d’anglais. Seul Upendra, le head master, maîtrise cette langue. Aussi basique soit-il, mon anglais se révèle très utile ! Pendant les interviews, Upendra, fait l’intermédiaire Hindi / Anglais entre mon interlocuteur et moi. La conversation est riche. Les enseignants relatent leur parcours. Chacun a son histoire dont il est fier, et exprime sa gratitude d’avoir été soutenu sur son chemin d’accomplissement. Ensuite, ils exposent leurs points de vue sur les difficultés rencontrées et sur leurs besoins l’amélioration. J’en attrape suffisamment pour recentrer les échanges et avancer le long des étapes prévues. Préparation d’un workshop pour l’équipe des enseignants Mes notes d’interviews nous guident, Yogita et moi, dans la préparation d’un workshop pour l’équipe des enseignants. Nous peaufinons Intention / Objectifs / Question centrale / Déroulé / Modalités de récolte. Yogita découvre avec intérêt la méthodologie Développer les talents qu’elle estime bien en phase avec le credo de Barefoot College. Elle s’intéresse tout particulièrement au mode de récolte, y voyant la colonne vertébrale de l’action collective à mener. Nous rassemblons feutres, post it et papiers de couleurs, nous préparons un calicot avec la question centrale en jolies lettres Hindi : हम मिलकर अपने स्कूल में समग्र शिक्षा की गुणवत्ता कैसे सुधार सकते हैं? = How can we improve together the quality of overall education in our school? Nous sélectionnons 3 sujets dans les préoccupations des enseignants : Management de la classe et comportement des élèves Nouvelles méthodes pour enseigner et apprendre Fortification des liens dans l’équipe des enseignants Seconde plongée : un workshop où l’énergie circule au-delà des mots En première séquence, trois sujets, trois sous-groupes et une même consigne : « Nous sommes fin 2025, nos projets ont abouti, c’est formidable ! » => Dessinez « Qu’avons-nous fait pour obtenir ce magnifique résultat ? » => Récoltez 5 actions concrètes => Chaque sous-groupe présente son dessin et ses 5 actions => Votes individuels sur les 15 actions, chacun dispose de 3 voix Les dessins s’enrichissent, les idées d’actions prennent forme sur les affichettes. A l’heure de la récolte, l’écoute est palpable. Dans la seconde séquence, l’équipe décide d’un process d’action court et moyen termes. Elle définit des modalités de suivi : réunion mensuelle le dernier jour du mois, responsable différent à chaque réunion, préparation concertée avec le responsable du mois précédent. Bien sûr, la facilitation s’est déroulée entièrement en langue Hindi. Je voyais les sous-groupe fonctionner : réflexion, perplexité, rires … Je ne comprenais pas un mot des conversations, je sentais simplement grandir et se transmettre l’énergie. J’étais fascinée : le processus guidait le groupe, l’atelier SE déroulait. Un langage émergeait au-delà des mots. Anne-Marie
Ma séance d’équicoaching Sophie m’accueille au centre équestre. D’emblée nous échangeons sur ce qui me fait venir à cette séance, ce que j’en attends, et concrètement quels seraient mes objectifs. Dès que Sophie me présente Swift (à gauche sur la photo), elle m’invite à m’en approcher, à le caresser en me connectant à lui « avec le cœur ». Après un temps de proximité, une familiarisation mutuelle s’établit. Il s’agit maintenant de m’éloigner tout gardant le contact avec lui. Vigilante, Sophie me guide à distance par des indications simples qui me permettent de prendre mes marques et de garder le lien avec mon nouveau partenaire : installe toi dans ta respiration, reste bien ancrée au sol, ne lui parle pas. A ma grande surprise elle ajoute : Le cheval sent à distance les battements de ton cœur ! Après plusieurs essais infructueux, Swift m’emboite le pas. De temps en temps, je sens son museau contre mon dos, dans mon cou ou sur mon épaule. Aucune crainte en moi, mais de l’étonnement : il y a « Nous », Swift et moi … je crois rêver ! Quand Swift décroche, Sophie m’avertit : Il ne comprend pas ce que tu attends de lui ! Tu es dans ta tête ! Elle renouvelle alors ses recommandations : Reviens dans ton corps et dans ton cœur. Ancre-toi avec tes pieds et reste attentive à ta respiration ! D’exercice en exercice, la plaisir du jeu grandit. « Nous » réussissons par exemple un slalom entre des plots où Swift m’emboite le pas. Au final de la séance, un exercice me met en joie : inviter Swift à marcher puis trotter sur le pourtour de l’aire de travail. Et quand, répondant à l’amplification de mon énergie, il se met à galoper c’est l’allégresse ! Après chaque exercice Sophie questionne ce que j’ai observé, ce que j’ai ressenti, ce que je me suis dit. Cette exploration sur 3 plans m’aide à décrypter la part qui me revient dans les comportements de Swift qui – quant à lui – réagit en écho, à l’instant et sans jugement. Le parallèle avec des situations réelles vécues professionnellement ou personnellement m’éclaire : je suis face à un miroir ! Les réactions «ouvertes et sans jugement » du cheval dévoilent des plans subtils et lancent des ponts avec les aspects relationnels de la vie. Cette expérience illustre notamment un adage bien connu dans nos métiers d’accompagnement : quand l’intention est claire, une chaine vertueuse se met en place. Ainsi, le formateur, le facilitateur ou le coach découvre en temps réel son niveau d’harmonisation tête-cœur-corps… dans les comportements d’un cheval ! Par ailleurs, le triptyque d’exploration de l’expérience invite à sortir du flou et à conscientiser. Il génère une montée en confiance en soi et en l’autre. Concrètement : il apporte des informations sur soi-même en relation et sur l’alliance sous tendue, il fournit un socle pour guider le groupe dans l’exploration d’une situation vécue ici et maintenant, il donne des clés pour accompagner une personne dans la situation qui la préoccupe. Je reste émerveillée de ma séance d’équicoaching et quand j’y songe, la joie m’habite à nouveau. Et vous, avez-vous déjà vécu cette expérience ? Souhaiteriez-vous la tenter ?
Imaginez… un grand voilier pirate avec sa poupe surélevée, sa barre à roue, ses hauts mats, ses haubans, ses voiles qui claquent au vent et son nid de pie. Et tout un peuple de marins à bord. Dans l’équipage, deux coteries ! Deux groupes d’individus se distinguent : D’un côté, il y a le Coq qui gère les rations quotidiennes, le Charpentier qui passe son temps à colmater le bateau qui travaille et s’use, la Vigie qui observe du haut du nid de pie et anticipe les obstacles. Ces trois-là ont un objectif commun : “le bateau ne doit pas couler”. Leur stratégie commune : s’économiser, aller lentement, augmenter le poids de la structure et l’épaisseur de la coque. D’un autre côté, il y a les Gabiers qui montent dans les voiles ; il y a aussi des Aventuriers, des Agents de l’armateur, parfois des Marchands ou même des Soldats. Pour ce groupe, une conviction : “Un bateau qui ne navigue pas ne sert à rien”. Leur volonté commune : naviguer le plus léger possible, danser sur la crête des vagues, aller vite et loin. Chacun est persuadé que sa vision est la bonne et que celle de l’autre coterie est secondaire voire dangereuse. Si les 2 coteries restent face à face, blocages et mutineries ponctueront la vie à bord. Si l’on force la soumission ou si l’on emprisonne l’un des deux camps, il manquera une énergie fondamentale au bateau. Une Tierce partie se présente alors : le Capitaine du bateau ! Le Capitaine annonce son intention : “créer de l’harmonie, synonyme pour moi de performance”. Il contient la tension entre les deux pôles au nom d’un intérêt supérieur que les coteries ne perçoivent pas à leur échelle. Il observe les besoins de l’équipage, il connaît les principes de l’environnement mouvant dans lequel vogue le bateau : la mer, les vents, les alliés et les ennemis, les cibles, l’armateur du navire, les comptoirs de ravitaillement… Il indique le cap … et surtout, il définit un itinéraire qu’il ajuste en permanence, non pas une fois, mais dix fois, cent fois, mille fois ! Et si ce bateau était une personne ? Accompagner en mode coaching, c’est inviter le capitaine à s’adresser à son équipage intérieur et à devenir maître à son propre bord. Il mesure avec son sextant ses lignes de force et les points fixes sur lesquels il peut compter et délimite sa zone d’assurance. Il évalue ses lignes de faiblesses et les sables mouvants, pour lesquels il fera face à l’aléatoire et aux doutes. Ainsi, il connait de mieux en mieux les membres de son équipage intérieur, leurs besoins et leurs limites ; il suscite le meilleur de chacun de façon durable et fortifie sa zone de confiance. Cédrick Fromont et Anne-Marie Javault