3, 2, 1… Impro !
Quel est le lien entre l’improvisation théâtrale et la facilitation de dynamiques collectives ?
A première vue, ce n’est pas évident… J’avais envie d’écrire un article à ce sujet, car la première fois que j’ai vécu un processus de facilitation en collectif, je me suis dit : “tiens, c’est marrant, ça ressemble beaucoup à l’impro, ça !”. Je pratique l’improvisation théâtrale en amateure depuis 2016, et j’ai connu la facilitation un an plus tard.
Laissez-moi vous raconter l’histoire de cette première rencontre…
L’atelier de facilitation commence par un energizer. En cercle, les participants énoncent leur prénom en y associant un geste, avant que l’ensemble du groupe répète ce prénom et le geste associé, comme une grand chorégraphie collective. C’est le premier point commun que j’identifie entre l’improvisation et la facilitation. En effet, cet exercice est énormément utilisé en improvisation théâtrale en début d’atelier, afin de connaître le prénom de ses partenaires de jeu et de générer de la confiance au sein du groupe. C’est également l’intention de l’inclusion, activité menée en début d’atelier qui vise à générer un sentiment d’accueil et d’appartenance au sein d’un groupe qui ne se connaît pas encore.
Les exercices d’improvisation sont d’ailleurs transposables lors des ateliers d’inclusion. Lorsque je cherche de l’inspiration dans le cadre d’ateliers de facilitation, je n’hésite pas à me référer à mes manuels d’improvisation théâtrale.
Les energizer ou les icebreaker ne sont pas le seul point commun entre facilitation et improvisation.
Un autre point commun m’est apparu lorsque j’ai suivi la formation “Rôles et techniques du facilitateur de dynamiques collectives” en 2019. Lors de l’atelier de créativité “Fleur de lotus”, je constate que les règles essentielles à l’émergence de la créativité sont les mêmes que celles utilisées en improvisation théâtrale. Ces règles sont résumées sous l’acronyme CQFD :
Critique abolie
Quantité privilégiée
Farfelu bienvenue
Démultiplication systématique
Ces règles s’appliquent également en improvisation théâtrale ! On parle de la règle du “Oui”, et du “Oui, et” : lorsqu’un comédien ou une comédienne fait une proposition, l’improvisateur ou l’improvisatrice l’accepte et y ajoute une autre proposition.
Par exemple, si le comédien propose :
“Je viens de nous acheter un chihuahua adorable qui ira très bien dans notre nouvel appartement du 6ème arrondissement ! ”Pour construire une histoire improvisée, l’autre lui répondra : “Mais c’est super, et en plus, il sera très bien assorti à notre canapé en poils d’alpaga” et non pas “Non, d’abord on vit dans une maison à la campagne, et puis je ne te connais pas, et en plus je suis allergique aux chiens !”
La règle du “Oui” et du “Oui et” permet donc de pouvoir créer une histoire improvisée.
On voit bien ici l’illustration très concrète du CQFD : une critique abolie car elle rendrait impossible la construction d’une histoire, une quantité importante par la richesse des détails, du farfelu plus que bienvenu et des associations d’idées qui favorisent la démultiplication.
Cette dynamique de pollinisation des idées est très similaire à la dynamique de l’atelier “Fleur de lotus”.
Enfin, j’ai le sentiment que la posture du facilitateur peut aussi être comparée à la posture de l’improvisateur.
Les deux se doivent d’être constamment à l’écoute de plusieurs éléments comme le groupe et son énergie, les individus qui composent ce groupe, l’objectif et l’intention choisie, le timing, le fait de parler clairement et distinctement…
Dans ma pratique de facilitation, j’ai le sentiment de mobiliser les compétences que j’ai pu acquérir lors de mes entraînements d’improvisation, notamment celles de l’écoute et de l’attention simultanée.
Et vous, faites-vous un lien entre votre passion et la pratique de la facilitation ?