Transmettre l’approche systémique
Avec Karine, nous accompagnons depuis plusieurs années des collectifs de coachs Agile à muscler leurs compétences de coaching que ce soit en pratiques systémiques, avec d’autres outils, ou tout simplement en s’appuyant sur les compétences relationnelles de chacun.
Un bonne nouvelle : tous les modèles sont faux !
Nous avons fait le choix de faire circuler les connaissances, les outils et les modèles en prenant le parti que tous les modèles sont faux et qu’il convient de garder une juste distance avec chacun d’eux. Quand nous disons « les modèles sont faux » nous exprimons leur incapacité intrinsèque à décrire la réalité d’une situation vécue qui sera toujours différente, plus complexe, plus riche, plus nuancée. La réalité d’une situation est insaisissable. Pour autant certains modèles auront une plus grande capacité de prédiction, ou une plus grande facilité d’appréhension en fonction de chacun, ou une plus grande efficacité à générer du changement. Par exemple, en ce qui me concerne, je suis plus à l’aise à manipuler des concepts systémiques qui évitent une essentialisation des traits de personnalité d’un individu. C’est pourquoi je me suis attaché plus particulièrement à transmettre l’approche systémique à ces collectifs, sans pour autant donner une quelconque supériorité de cette approche par rapport à d’autres. Le plus important à mes yeux étant de transmettre cette sensibilité que la réalité d’une situation est toujours plus vaste et plus riche que ce qu’on en dit, que ce qu’on en décrit, ou que ce qu’on croit en comprendre.
Un collectif apprenant pour un apprentissage systémique
Comment transmettre l’approche systémique ?
D’abord avec humilité : quelle que soit notre expertise, un collectif en sait toujours plus qu’un individu. Notre intention est, avant de transmettre des connaissances, de créer les conditions pour qu’émerge un collectif d’apprenants incluant formateurs et participants.
Ensuite en prenant le parti que l’apprentissage est lui-même systémique. Les relations, les interactions, les expériences, et les émotions vécues pendant la formation donnent vie au contenu.
Enfin en attrapant chaque situation vécue, chaque ressenti, chaque parole comme une occasion de mettre en conversation et de forger ensemble le savoir collectif.
Finalement le contenu se résume à une dimension historique (transmettre l’histoire des concepts de la systémique) et à la description des outils, grilles de lecture ou modèles qui seront mis en pratique, discutés, clarifiés, à travers des exercices prévus et les situations spontanées. À noter que les maladresses, les inconforts, les ratés, sont souvent des sources d’apprentissages très riches, en particulier de la part des formateurs quand on a l’énergie nécessaire à s’en saisir et à « jouer » avec la maladresse.
Des boussoles pour naviguer en territoire inconnu
Quand nous avons conçu une suite au module de découverte de l’approche systémique, nous avons voulu ajouter des éléments historiques et des définitions de certains concepts, mais avant tout, nous avons souhaité inviter les participants à faire de la place à leur intelligence relationnelle autant qu’à leur maîtrise des outils. Les deux journées d’approfondissement se terminent en une invitation à travailler ses boussoles intérieures (son éthique d’accompagnant, son alignement, sa juste distance par rapport aux outils et à la vérité). Certains participants plus avides que d’autres d’outils et de modèles ont pu être surpris de cette ouverture, nous avons la conviction que notre invitation s’adresse davantage encore à ceux-ci même.
Je ré-entends Teresa (Teresa Garcia-Riviera a été ma formatrice à travers son école Circé) insister et ré-insister sur le fait qu’un bon thérapeute en systémique stratégique s’appuie autant sur son intelligence relationnelle que sur sa maîtrise de la technique. Son intelligence relationnelle lui permet de naviguer en territoire inconnu, celui de la situation vécue à chaque instant, insaisissable et toujours changeante. Sa maîtrise de la technique lui permet de poser les bonnes questions, c’est-à-dire les questions qui permettent à son interlocuteur de cheminer non pas au hasard, mais de façon stratégique vers de nouveaux possibles. L’approche systémique stratégique est cette symbiose entre l’intuition relationnelle et la maîtrise de la technique. J’ai plaisir à transmettre cela et à être fidèle à ce que m’a appris Teresa.
L’image associée à cet article (A. Konby (?), Public domain, via Wikimedia Commons) est issu du Traité de l’homme (1648), de René Descartes qui a développé l’une des premières conceptions réductionnistes de la vie, appliquée aux plantes et aux animaux. À l’image du canard mécanique de Vaucanson, le comportement animal était selon lui intégralement réductible à l’effet d’un mécanisme physique. Une des boussoles que nous explorons dans la formation fait référence à cette image et au réductionnisme.